PSC 8-9-10 - bei der Föderation der Schweizer Psychologinnen und ...
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signifie notamment que l’offre de<br />
prestation obligatoire devrait être<br />
exactement décrite et la qualité scrupuleusement<br />
assurée, c’est-à-dire également<br />
contrôlée. Les psychothérapies<br />
et les psychothérapeutes (!)<br />
devraient se faire évaluer à l’aune de<br />
«l’efficacité et de la conformité par<br />
rapport au but visé», mais tout spécialement<br />
selon les critères de «l’économicité».<br />
Liée à celle du but, la question du<br />
sens, à savoir «à quoi sert la psychothérapie»,<br />
ne peut donc aujourd’hui<br />
trouver réponse qu’à l’intérieur d’un<br />
contexte de soins marqué par les intérêts<br />
les plus divers. Tout au contraire<br />
de l’art ou de la religion, par exemple,<br />
qui sont censés être «sans but<br />
pratique»…<br />
Oser une vision de l’avenir<br />
Mais qu’en est-il effectivement, en y<br />
regardant de plus près, de la différence<br />
avec l’art ou la religion ? Il se trouve<br />
que des méthodes de thérapie<br />
récentes comme l’entraînement de<br />
l’attention (par ex. la MBSR) montrent<br />
que les limites entre savoir spirituel<br />
et savoir psychologique sont fluctuantes,<br />
et se révèlent même quelque<br />
chose de tout à fait valable en cas de<br />
troubles psychiques sévères.<br />
La littérature (comme l’art), poursuit<br />
Wole Soyinka, sert «à élargir l’horizon<br />
du lecteur et à nourrir son imagination».<br />
Au delà du modèle standard<br />
(somatique) de la médecine, – mais<br />
aussi au delà d’une culture du bonheur<br />
et du bien-être – la pychothérapie<br />
ne pourrait-elle pas s’inspirer un<br />
peu de cette ouverture et de ce désir<br />
d’aller plus loin ?<br />
Osons donc – au seuil d’une nouvelle<br />
décennie – un regard visionnaire:<br />
• Ce n’est pas demain ni aprèsdemain<br />
que l’évolution de la société<br />
et les crises économiques ou autres<br />
feront halte devant la psyché<br />
humaine. Le stress, qui est<br />
aujourd’hui une des causes les<br />
plus fréquentes de troubles psy-<br />
chiques, continuera à accabler individus,<br />
couples et familles. Pressions<br />
et tensions se modifieront,<br />
des formes de troubles particulières<br />
se développeront. La psychothérapie<br />
(mais pas la psychopathologie/psychiatrie)<br />
se différenciera<br />
et se définira peut-être à l’avenir<br />
d’une manière moins spécifique<br />
à chaque trouble, s’orientant toujours<br />
plus sur des principes d’action<br />
généraux, sur des variables relationnelles,<br />
sur des théories du<br />
changement. Orientées sur la recherche<br />
d’une auto-organisation,<br />
des théories salutogénétiques ai<strong>der</strong>ont<br />
à stimuler les démarches thérapeutiques<br />
et à les modeler en<br />
coopération étroite avec client(e)s<br />
et patient(e)s. Par rapport à cette<br />
évolution, les spécialistes de la thérapie<br />
médicale et psychologique<br />
auront aussi à se définir et à redéfinir<br />
leur rôle respectif.<br />
• Peut-être la psychothérapie y gagnera-t-elle,<br />
dans la ligne d’une tradition<br />
«ancienne», une nouvelle<br />
compréhension. Les connaissances<br />
médicales mais surtout les<br />
connaissances psychologiques<br />
dans le domaine de la psychothérapie<br />
et, avec elles, les psychothérapeutes<br />
pourraient y trouver une<br />
«nouvelle» position dans un cadre<br />
«ancien» de sagesse, d’expérience<br />
et d’art de vivre. En tant que profession,<br />
la psychothérapie devrait<br />
se définir et se positionner au delà<br />
du modèle médical standard et<br />
d’une scientificité evidence based aux<br />
horizons limités, mais aussi au delà<br />
du confortable «Wellness». C’est<br />
précisément dans les temps de crise<br />
que les hommes ressentent souvent<br />
le besoin d’une «allocation<br />
professionnelle». Le vide intérieur<br />
(angoisse, dépression, etc.) recherche<br />
une résonance, il lui faut un<br />
vis-à-vis critique et compétent, qui<br />
lui permette «d’élargir son horizon,<br />
de nourrir son imagination»<br />
(W. Soyinka) et souvent aussi de<br />
concrétiser les questions ultimes<br />
sur le sens de la vie.<br />
• De nouveaux modèles, innovatifs,<br />
d’assurance devraient être discutés<br />
ouvertement, sans aussitôt évoquer<br />
le spectre «de soins insuffisants»<br />
ou «d’une médecine au rabais».<br />
Ce serait aussi l’occasion de rediscuter<br />
avec toutes les nuances requises<br />
de thèmes devenus presque<br />
tabous tels l’«acharnement thérapeutique»<br />
ou, sur un plan général,<br />
les «modèles de maladies».<br />
Plus de statut de belle-fille<br />
La psychothérapie ne devrait plus<br />
continuer à défendre son statut de<br />
belle-fille au sein de la famille «Médecine»,<br />
mais le temps est venu pour<br />
elle de poursuivre sa croissance dans<br />
une famille recomposée de psychologues<br />
et de psychiatres jouissant de<br />
droits égaux, chacun avec son identité<br />
propre.<br />
Martin Rufer<br />
33<br />
ACTU FSP<br />
PSYCHOSCOPE 8-9/20<strong>10</strong>