PSC 8-9-10 - bei der Föderation der Schweizer Psychologinnen und ...

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12 DOSSIER: la démence PSYCHOSCOPE 8-9/20<strong>10</strong> Dossier La démence La plainte mnésique Intérêt de l’examen neuropsychologique dans le dépistage des démences Au travers de trois cas pratiques, Julie Leros et Marie Pretti-Brunner, neuropsychologues FSP, expliquent qu’une même plainte mnésique peut être d’origines très diverses et est très souvent suivie d’une consultation en neuropsychologie. L’examen neuropsychologique permet de déterminer un profil cognitif qui oriente le diagnostic médical et permet de proposer une prise en charge adaptée. Madame A, Madame D et Madame M se plaignent toutes les trois de troubles mnésiques, et pourtant chacune de leurs situations est particulière. Nous allons voir qu’avec une plainte initiale identique, le tableau neuropsychologique et le devenir peuvent considérablement différer. Nous allons vous présenter brièvement l’histoire de chacune de ces personnes, préciser leurs plaintes, détailler leur examen neuropsychologique et finalement voir quel type d’aide on peut leur proposer. Trois exemples cliniques Madame A a 65 ans. Ayant travaillé toute sa vie comme secrétaire, elle profite de sa retraite avec son mari. Depuis quelque temps, elle n’a plus le moral: elle qui a toujours été très organisée oublie ses rendez-vous si son
Photo: Elena Martinez mari n’est pas là pour les lui rappeler. Elle a plus de difficultés pour s’exprimer, cherche ses mots et emploie parfois un mot pour un autre. Elle n’a plus autant de plaisir qu’auparavant à s’occuper de ses petits-enfants, car elle se sent débordée dès qu’elle doit effectuer deux tâches simultanément. Lorsqu’elle fait les courses, elle rachète souvent les mêmes produits. Inquiète au départ, elle devient à présent irritable lorsqu’on lui fait remarquer ses difficultés, et se rassure en se disant qu’elle se souvient bien de ses souvenirs lointains. C’est sur l’insistance de son mari et de son médecin traitant qu’elle est d’accord de prendre rendez-vous chez un neuropsychologue. Madame D a 55 ans, travaille comme comptable et attend sa retraite avec impatience. Elle a de plus en plus de mal à suivre le rythme de son travail, en particulier depuis que son patron a embauché des personnes plus jeunes qui se moquent ouvertement d’elle. A la maison, la relation avec son mari est tendue, et ses enfants ont récemment quitté le nid familial. Elle se sent déprimée, mais n’ose pas l’avouer, car elle a toujours été une battante et pense pouvoir surmonter seule ses difficultés. Elle est de plus en plus anxieuse et a peur de perdre la tête, car elle s’est mise depuis quelque temps à faire des erreurs qu’elle n’avait jamais faites. Non seulement elle inverse des chiffres dans son travail, mais en plus oublie ce qu’on lui dit. Elle prend du temps pour chercher ses affaires, qu’elle ne retrouve qu’après avoir fait plusieurs fois le tour de son appartement. Elle ne sait pas à qui parler de ses difficultés, ayant peur d’augmenter les tensions avec son mari s’il apprend qu’elle a une maladie d’Alzheimer comme sa belle-mère. Elle prend secrètement rendez-vous avec un neuropsychologue. Madame M a 60 ans, gère une petite épicerie et a élevé seule ses 4 enfants. Ayant remarqué une diminution de mémoire très progressive, qu’elle a d’abord jugée normale à son âge, elle a commencé à noter ses rendezvous sur un calendrier. Elle y a d’abord inscrit ses rendez-vous de médecin, puis les achats à faire, puis les personnes à voir, puis ses loisirs hebdomadaires, puis, n’ayant plus suffisamment de place, elle s’est mise à utiliser un agenda en plus de son calendrier, avec des petits billets près du téléphone. Lors d’une visite, son fils aîné a été surpris de voir tous ses aide-mémoire, qui contrastaient avec le relativement bon fonctionnement de sa maman dans la vie quotidienne. Il lui a conseillé de prendre rendez-vous avec son médecin traitant, qui l’a alors adressée à une neuropsychologue. L’examen neuropsychologique L’examen neuropsychologique a pour objectif de préciser la plainte mnésique, d’affirmer ou d’infirmer les troubles au moyen de tests psychométriques, et de dégager un tableau neuropsychologique qui montrera le type de trouble mnésique et l’association ou non avec d’autres difficultés cognitives. Le profil trouvé permettra de faire des hypothèses sur l’étiologie et l’évolution des troubles, de proposer d’éventuels examens complémentaires et une prise en charge adaptée, avec l’aide du médecin. On va rechercher comment les troubles mnésiques sont apparus, progressivement ou suite à un événement particulier, et si l’évolution est rapide ou lente. L’hétéroanamnèse est particulièrement importante dans le cas où le patient est anosognosique (non conscient) de ses difficultés. Les tests psychométriques vont permettre de situer les performances du patient par rapport à la moyenne des personnes de son groupe d’âge, de son sexe et de son niveau socioculturel, afin de voir s’il se trouve nettement en dessous des normes. Si tel est le cas, on va observer le profil des troubles mnésiques, afin de voir où se situe la difficulté: au niveau de l’encodage, de la consolidation ou de la récupération des informations. Même s’il est possible de dégager un profil avec le test classique des 15 mots de Rey, le test RL/RI–16 s’y prête particulièrement bien. Profil neuropsychologique «type» d’une maladie d’Alzheimer débutante En interrogeant Madame A et son mari, on réalise que sa plainte mnésique est celle d’un réel oubli. Lorsque son mari lui rappelle une information, elle n’en a aucun 13
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