JOURNAL 2015-03
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EDITORIAL<br />
La lutte contre la bureaucratie<br />
Par Oliver Müller<br />
Il est une nouvelle fois temps, grand<br />
temps, de citer les propos de Cyril Northcote<br />
Parkison. On y revient toujours<br />
quand la bureaucratie déborde, ce qui,<br />
dans notre pays, est le cas depuis un certain<br />
temps. Ce sociologue britannique a<br />
exposé ses théories sur la bureaucratie il y<br />
a environ 50 ans et on les appelle jusqu’à<br />
nos jours les lois Parkinson. D’après lui, la<br />
durée d’un travail administratif n’est pas<br />
déterminée par son volume, mais il s’étire<br />
sur le temps qui est mis à disposition pour<br />
l’effectuer. Selon sa théorie, le nombre<br />
gonflé d’employés dans les administrations<br />
n’est donc pas en rapport avec<br />
la quantité de travail à accomplir. Deux<br />
principes en sont responsables. Premièrement,<br />
chaque cadre aimerait agrandir<br />
non le nombre de ses rivaux, mais celui<br />
de ses subordonnés. Les rivaux peuvent<br />
devenir dangereux, tandis que les subordonnés<br />
donnent plus d’importance à sa<br />
fonction. Deuxièmement, les collaborateurs<br />
se refilent mutuellement du travail<br />
ce qui rallonge le besoin de temps pour<br />
les activités les plus simples de manière<br />
disproportionnelle. Parkinson a aussi défini<br />
un théorème pour les séances, celle<br />
de la trivialité: «Le temps disponible<br />
pour un point de l’ordre du jour est inversement<br />
proportionnel au coût correspondant».<br />
Cela signifie que, dans ces<br />
séances, ce ne sont pas les points les plus<br />
importants qui sont discutés de manière<br />
la plus détaillée, mais ceux que le plus<br />
grand nombre de participants comprend<br />
facilement. Admettons, cette trivialité ne<br />
s’observe pas seulement dans les administrations<br />
officielles. Honte à nous !<br />
Présenté sur un plateau<br />
d’argent<br />
La bureaucratie est une charge pour nous<br />
tous, non seulement en raison des lois de<br />
Parkinson ou de la trivialité qui sévissent,<br />
mais aussi en raison de lois peu transparentes.<br />
Combien coûte une loi à l’État, au<br />
contribuable et aux entreprises? Ce sont<br />
des questions qui, dans la Berne fédérale,<br />
ne figurent qu’en marge. Pour pouvoir<br />
réduire la bureaucratie, il faut de la transparence<br />
et la solution à ce problème est<br />
si évidente! Johannes Ludewig, président<br />
du Conseil du contrôle des normes en Allemagne<br />
a récemment donné une conférence<br />
dans une soirée débat anti-bureaucratie<br />
à Berne. Là, il nous a présenté le<br />
contrôle des coûts comme arme efficace<br />
dans la lutte contre la bureaucratie tel<br />
qu’il est pratiqué en Allemagne. Cet office<br />
indépendant calcule de manière conséquente<br />
le coût de chaque projet de loi.<br />
Sur la page couverture de chaque proposition<br />
soumise au parlement figurent de<br />
manière explicite les coûts induits à court<br />
et à long terme pour son administration,<br />
pour l’économie et pour le contribuable.<br />
Ainsi, chaque politicienne et chaque politicien<br />
sait ce que la mise en œuvre de<br />
cette loi coûtera. C’est une transparence<br />
totale dans la lutte contre la bureaucratie.<br />
Et l’expérience de nos voisins le montre:<br />
cela fonctionne! C’est ainsi qu’on agit<br />
aujourd’hui en Allemagne, en Angleterre,<br />
en Autriche, en Hollande et – tenez-vous<br />
bien – bientôt aussi en France, dans un<br />
pays qui est décrié comme un géant de la<br />
bureaucratie. Là aussi, les nouvelles lois<br />
seront examinées sur leur utilité et leur<br />
coût avant leur vote.<br />
Il y a déjà 10 ans, j’ai attiré l’attention<br />
sur le fait que nous sommes sur un chemin<br />
que tout le monde autour de nous<br />
a quitté depuis longtemps. Mais nous<br />
le poursuivons obstinément. Apprenons<br />
justement de l’Allemagne qui s’est, depuis<br />
2006, doté d’un Conseil national<br />
de contrôle des normes. Notre ministre<br />
de l’économie M. Schneider-Ammann,<br />
des fonctionnaires et des représentants<br />
du champion autoproclamé de la lutte<br />
contre la bureaucratie, le PLR, ont été<br />
présents à cette conférence. J’espère<br />
fortement que les propos de M. Ludewig<br />
ont rencontré des oreilles ouvertes et<br />
que nous ne nous considérons pas trop<br />
dommage pour importer des solutions<br />
de l’étranger. Car nous sombrons dans la<br />
bureaucratie et de nouvelles approches<br />
pour les endiguer ne sont pas seulement<br />
les bienvenues, mais sont urgemment<br />
nécessaires. Les PME de la branche MEM<br />
luttent actuellement purement et simplement<br />
pour leur survie et là, chaque centime<br />
compte.<br />
SWISSMECHANIC 3/<strong>2015</strong> 5