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Autismus und Sehen « Le Syndrome de Schorderet- Munier ... - ophta

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HISTOIRE<br />

A. Franceschetti (1896 –1968) Un hommage à mon père<br />

A. Franceschetti fut chef <strong>de</strong> service<br />

au Département d’Ophtalmologie <strong>de</strong><br />

Genève <strong>de</strong> 1933 à 1966 et parvint à lui<br />

conférer une renommée mondiale.<br />

Il n’était pas le premier <strong>de</strong> sa famille<br />

à avoir choisi l’<strong>ophta</strong>lmologie. Il avait<br />

en effet été précédé par sa mère, une<br />

<strong>de</strong>s premières femmes-mé<strong>de</strong>cin, qui<br />

avait pratiqué à Zurich au début du<br />

XX ème siècle. Elle s’était notamment<br />

occupée <strong>de</strong> dépistage visuel. Pour<br />

l’anecdote, j’ai moi-même occupé un<br />

poste similaire à Genève, au Service<br />

<strong>de</strong> Santé <strong>de</strong> la Jeunesse. J’appartiens<br />

donc la troisième génération. Mon fils<br />

Nicolas, qui travaille avec moi, en est<br />

la quatrième.<br />

A. Franceschetti (il fallait se gar<strong>de</strong>r<br />

d’utiliser son prénom Adolphe, qu’il<br />

détestait) est né le 11 octobre 1896.<br />

Il avait donc un pied dans le XIX ème<br />

siècle, mais sa carrière se fit au XX e<br />

siècle. Il survit dans le nôtre, au travers<br />

<strong>de</strong> la mémoire <strong>de</strong> ceux qui ont eu<br />

le privilège <strong>de</strong> le connaître.<br />

Dans cette présentation, j’aimerais<br />

essayer, à travers la figure <strong>de</strong> mon<br />

père, <strong>de</strong> définir ce qui fait un grand<br />

homme ou, si l’on préfère, ce qui fit <strong>de</strong><br />

lui un grand <strong>ophta</strong>lmologiste doublé<br />

d’un chef <strong>de</strong> service remarquable.<br />

Il faut d’abord une personnalité<br />

enthousiaste. Franceschetti était prêt<br />

à embrasser toute nouveauté utile, il<br />

était intéressé aux nouveaux aspects<br />

<strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> sa profession.<br />

Ensuite, il faut suffisamment <strong>de</strong><br />

confiance en soi et <strong>de</strong> générosité afin<br />

<strong>de</strong> ne pas craindre la concurrence <strong>de</strong><br />

ses collègues. Dans sa jeunesse, il avait<br />

vécu un exemple à ne pas suivre. Il<br />

avait commencé sa carrière auprès du<br />

Professeur Vogt <strong>de</strong> Zurich, un excellent<br />

<strong>ophta</strong>lmologue qui cependant ne<br />

pouvait tolérer l’idée qu’un collègue<br />

puisse un jour lui faire ombrage. C’est<br />

pourquoi il exigeait <strong>de</strong> ses assistants<br />

qu’ils signent un engagement <strong>de</strong> ne<br />

jamais s’installer en clientèle privée à<br />

Zurich.<br />

Fig. 1 Franceschetti arrive à Genève<br />

Franceschetti quitta donc Zurich pour<br />

Bâle, où il <strong>de</strong>vint chef <strong>de</strong> clinique. Son<br />

patron, Arthur Brückner, au moment<br />

d’accé<strong>de</strong>r au poste <strong>de</strong> Chef <strong>de</strong> Service,<br />

avait fait une déclaration péremptoire :<br />

<strong>«</strong> Maintenant que je suis professeur ,<br />

avait-il dit, geschlossen ist die Karriere<br />

», soit, en français, <strong>«</strong> ma carrière<br />

est close. » Franceschetti se trouva<br />

par conséquent à la tête du service à<br />

la place <strong>de</strong> son patron. Ce <strong>de</strong>rnier le<br />

chargea même <strong>de</strong> rédiger le chapitre<br />

Génétique et Ophtalmologie dans<br />

le traité allemand qui restera dans<br />

les annales comme le grand traité <strong>de</strong><br />

Schiek et Brückner. Brückner et Franceschetti<br />

travaillèrent en harmonie et<br />

leur service se développa.<br />

De cette expérience, Franceschetti<br />

tira une leçon importante qu’il mit en<br />

pratique dès son accession au professorat<br />

à Genève : il œuvra toujours avec<br />

l’idée que <strong>de</strong>s collaborateurs capables<br />

et plein d’avenir ne pourraient que<br />

contribuer au renom et à la réussite<br />

<strong>de</strong> son service. Il s’entoura ainsi <strong>de</strong><br />

spécialistes, <strong>de</strong>vint le maître d’une<br />

<strong>«</strong> école » d’<strong>ophta</strong>lmologie renommée,<br />

et c’est ainsi qu’il est resté dans nos<br />

mémoires.<br />

Lorsque survint la <strong>de</strong>uxième guerre<br />

mondiale et que les temps s’assombrirent<br />

pour <strong>de</strong> nombreux collègues juifs,<br />

il leur offrit une hospitalité généreuse,<br />

allant jusqu’à l’action concrète pour<br />

les ai<strong>de</strong>r. C’est ainsi qu’il sortit <strong>de</strong> ses<br />

propres mains le professeur Jacques<br />

Mawas <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssous les barbelés à la<br />

frontière entre la Suisse et la France.<br />

Mawas était ron<strong>de</strong>let : tandis que le<br />

passeur le poussait d’un côté, Franceschetti<br />

le tirait <strong>de</strong> l’autre.<br />

La conséquence <strong>de</strong> ce geste, fut qu’il<br />

s’acquit la reconnaissance et la collaboration<br />

d’un grand pathologue <strong>ophta</strong>lmologique.<br />

Mawas développa sa<br />

spécialité à la clinique <strong>de</strong> Genève et<br />

l’enseigna à Jean Babel, qui succé<strong>de</strong>ra<br />

par la suite à Franceschetti à la chaire<br />

<strong>de</strong> Genève. Il semblerait d’ailleurs que<br />

Mawas poursuivit également une activité<br />

plus secrète, pendant toute la durée<br />

<strong>de</strong> la guerre. Bien <strong>de</strong>s années plus tard<br />

l’on découvrit, en effet, dans un coin<br />

oublié <strong>de</strong> son ancien laboratoire, un<br />

grand bocal <strong>de</strong> cyanure : Mawas préparait<br />

apparemment <strong>de</strong>s capsules <strong>de</strong><br />

cyanure pour les Résistants français.<br />

Parmi les collègues juifs qui travaillèrent<br />

avec Franceschetti durant<br />

la <strong>de</strong>uxième guerre mondiale, il faut<br />

aussi mentionner le français Jean<br />

Nordmann, qui avait réussi à envoyer<br />

ses bagages en Suisse par la Reichspost<br />

mais avait dû passer la frontière<br />

à pied, dans un coin dangereux <strong>de</strong>s<br />

montagnes du Jura. Un autre fut le<br />

milanais Valerio, que Franceschetti<br />

avait lui-même été extraire d’un camp<br />

<strong>de</strong> réfugiés. Ce foisonnement <strong>de</strong> collaborateurs<br />

entraîna une internationalisation<br />

du service <strong>de</strong> Genève et créa<br />

aussi <strong>de</strong>s liens personnels qui perdurent<br />

jusqu’à nos jours. J’ai gardé <strong>de</strong>s<br />

contacts <strong>de</strong> travail empreints d’affection<br />

avec le neveu <strong>de</strong> Jacques Mawas,<br />

Edy, et sa femme Jacqueline, tout <strong>de</strong>ux<br />

strabologues et contactologues.<br />

Un autre collègue accueilli par mon<br />

père fut Peter Halberg, un célèbre<br />

contactologue mort il y a quelques<br />

années. Halberg put quitter la Hongrie<br />

communiste en 1956 et venir à<br />

Genève, grâce à l’invitation <strong>de</strong> Franceschetti,<br />

qui l’avait remarqué comme<br />

que pionnier <strong>de</strong> la photographie dia-<br />

296 <strong>ophta</strong> • 4|2008

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