Abendprogramm (PDF) - Philharmonie

Erwin Schulhoff, vers 1925 Viktor Ullmann, vers 1935
à 23 ans. La Serenata pour violon et piano est l’unique composition
de lui que l’on ait retrouvée et sans doute l’avait-il écrite
pour l’orchestre de son père.
Ce premier parcours s’achève par une mélodie de Viktor Ullmann
(1898–1944), figure majeure de la musique tchèque avant et pendant
Terezín. Bien que né dans une famille noble et catholique
– militaire autrichien, son père avait été fait Baron von Tannfels
pour services rendus durant la Première Guerre mondiale – Ullmann
fut arrêté le 8 septembre 1942 et gazé à Auschwitz le 18 octobre
1944. Durant ces deux années il déploya une activité extraordinaire,
animant toute la vie musicale de Terezín. Cette épreuve
le ramena aussi vers le judaïsme qu’il avait totalement ignoré jusque-là.
Plusieurs œuvres d’inspiration juive en portent le témoignage,
notamment les Trois chants yiddish op. 53 (1944). Le premier
est intitulé «Beryozkele» (Petit bouleau), ce qui, en yiddish, est aussi
une façon familière de désigner les jeunes rabbins qui étudient
le talmud en secouant leurs têtes comme le font les bouleaux
dans le vent. Cette mélodie, qui semble retrouver les accents d’un
chant du cygne schubertien, devient ainsi une prière: «Ô petit
bouleau, prie aussi pour moi!».
Viktor Ullmann a écrit de nombreuses mélodies tout au long
de sa carrière – on en connaît soixante-et-une au total – sur les
textes les plus divers, de Hölderlin à Rilke en passant par Louise
Labé. C’est sur l’adaptation allemande par Hans Bethge (1876–
1946) de poèmes du grand poète persan Hafiz (~1325–1390) que
Viktor Ullmann composa à Terezín ses Lieder op. 30, au nombre
de quatre – évocation de l’amour et du vin. Le cycle est dédié à la
soprano Marion Podolier, elle aussi déportée à Terezín, qui survécut
à l’Holocauste. Au moment de son départ pour Auschwitz,
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