Abendprogramm (PDF) - Philharmonie

Terezín – Theresienstadt
Frans C. Lemaire
Soucieux de se protéger des ambitions territoriales de la Prusse,
Joseph II avait fait construire près de la frontière allemande, à une
soixantaine de kilomètres au Nord de Prague, une ville-forteresse
à laquelle il donna le nom de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse
d’Autriche, décédée en 1780. Mais c’est Hitler et non le roi
de Prusse qui entre à Prague un siècle et demi plus tard. La Tchécoslovaquie
compte à ce moment 118 000 Juifs, dont un quart de
réfugiés venus récemment d’Allemagne, d’Autriche et du pays
des Sudètes. Les démocraties occidentales sont de plus en plus
réticentes vis-à-vis des demandes d’émigration et l’Allemagne
nazie donne priorité au départ des Juifs allemands et autrichiens.
L’application brutale des lois raciales à la Tchécoslovaquie a créé
une situation inextricable de Juifs sans travail, sans revenus et
sans droits qui ne parviennent plus à quitter le pays. Les États-
Unis ont fixé un quota ridicule de 2 700 Juifs tchèques, la Grande-
Bretagne n’accepte plus que les enfants et la Suisse demande
à l’Allemagne de marquer d’un grand J les passeports des Juifs
voulant émigrer afin de mieux pouvoir les renvoyer.
Envoyé à Prague en septembre 1941 pour diriger le «Protectorat
de Bohême-Moravie», Reinhard Heydrich, assisté d’Eichmann,
décide le 10 octobre de se débarrasser des Juifs tchèques en les
envoyant dans l’ancienne ville forteresse vidée de ses quelque
6 000 militaires et habitants. En moins d’un an, dix fois plus de
déportés s’y trouvent entassés. Au total 141 000 personnes passeront
par Terezín durant les trois années qui l’ont transformée en
antichambre d’Auschwitz et de Treblinka. Les deux tiers y trouveront
la mort. Les mauvaises conditions sanitaires feront périr
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