Ecclesia semper reformanda - Schw. StV

à tous les niveaux: le curé avec l’équipe pastorale,
l’équipe pastorale avec les conseils
pastoraux et financiers, l’évêque avec son
conseil presbytéral et son conseil pastoral
diocésain.
Sur plan international, les conférences des
évêques par pays, les synodes continentaux
ou universels pour aider l’évêque de Rome
à conduire l’Église sont autant d’exemples
de collaborations efficaces. Dans ces divers
organes de délibération, les participants
peuvent exprimer leur point de vue représentatif
de la base du peuple de Dieu - principe
synodal - et en fin de compte, le responsable
-curé, doyen, évêque, pape - décide au
profit du bien et de l’unité de tous selon le
principe hiérarchique.
De plus, les ministères se sont prodigieusement
diversifiés: désormais de nombreux
laïcs, hommes et femmes, mariés ou célibataires,
se forment en étudiant la théologie.
Ils sont nommés, mandatés et rémunérés
par l’Église et travaillent à côté des ministres
ordonnés, prêtres ou diacres permanents.
Une autre évolution est principalement liée
à Jean-Paul II, qui par ses voyages a montré
que l’Église était véritablement catholique -
littéralement universelle - et que les jeunes
Églises d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie
avaient à apporter du sang neuf à l’ensemble
de la nouvelle évangélisation. D’ailleurs,
dans ces Églises émergentes, le nombre de
fidèles, de séminaristes, de prêtres, de religieux
est en constante augmentation.
Devant les phénomènes de déchristianisation,
d’indifférence religieuse, d’individualisme,
de flux migratoires, d’avancée
de l’islam, des sectes et des Églises évangéliques
libres, l’Église cherche un nouveau
langage par exemple par sa présence sur
la toile. Elle aspire à une ferveur et un élan
renouvelés afin de rendre Dieu désirable et
répondre à la soif spirituelle actuelle. En
témoignent par exemple les « communautés
nouvelles », le Renouveau charismatique
dans l’Esprit, les rassemblements de jeunes
chrétiens comme les Journées Mondiales de
la Jeunesse ou encore Taizé.
Depuis 1965, la fin du concile, le
monde entier a, en effet, énormément
changé, donc l’Église aussi. Elle évolue
aujourd’hui dans des contextes politiques,
culturels, économiques, sociaux et scientifiques
profondément transformés. De nouveaux
problèmes sont apparus, notamment
en bioéthique, mais aussi à cause de la mondialisation.
L’emprise de l’Église sur la société
s’est beaucoup affaiblie, en tout cas en
Occident. La transmission des expressions
de la Foi - connaissances, croyances, prières,
convictions, participation au culte - est devenue
presque marginale, notamment en famille,
mais aussi dans la culture en général.
Le nombre de prêtres a fortement diminué.
Mais on constate aussi des éléments de vitalité
: communautés nouvelles, des croyants
moins nombreux mais très convaincus et
engagés, nombreux laïcs en responsabilité.
Le but n’était pas d’adapter l’Église
au monde moderne, mais d’instaurer une
nouvelle alliance avec ce monde, fondée non
sur la peur ou le rejet, mais sur la confiance.
L’adaptation a plutôt consisté à renouveler
une pensée, un langage, une liturgie catholique,
qui s’étaient un peu sclérosés. Loin
d’être dépassée, cette ligne est plus que
jamais d’actualité, et cela à deux niveaux.
C’est d’abord un état d’esprit à maintenir,
renforcer et approfondir. Ensuite, les perspectives
inscrites dans les textes de Vatican
II, pour l’essentiel, continuent de montrer le
chemin. Dans la mesure où il s’est voulu une
redécouverte de l’Évangile, le concile Vatican
II n’est pas plus dépassé que l’Évangile !
Comme événement historique, il est dans
le passé, mais comme expérience à vivre, il
constitue un projet mobilisateur et prometteur.
De nombreuses voix s’élèvent, dont
celle de l’ancien Cardinal de Milan Carlo
Martini, pour que soit rassemblé un concile
Vatican III. Le prochain Synode des évêques
à Rome, en octobre 2012, sur la nouvelle
évangélisation, prouve bien que l’Église est
constamment à réformer, notamment après
les scandales qui l’ont ébranlée ces dernières
années, et que le travail d’inculturation de
l’Évangile est à reprendre à chaque époque.
chel
Salamolard est
prêtre du diocèse
de Sion. Titulaire
d’une maîtrise en
théologie de l’Institut catholique de Paris,
il a, également, étudié la sociologie
l’abbé est aussi l’auteur d’une vingtaine
d’ouvrages se situant au carrefour de la
philosophie, de la théologie et de la sociologie.
Conférencier et accompagnateur
l’articulation des questions humaines et
sociales avec la spiritualité et la théologie
chrétienne.
Ordonné prêtre
dans sa ville pour
le diocèse de Sion
en 1984 par le Pape
Jean-Paul II, l’Abbé
sédunois François-Xavier Amherdt a été
successivement vice-directeur du séminaire
et vicaire épiscopal de son diocèse
(comme collaborateur du Cardinal Henri
de Formation aux Ministères laïcs en Église
depuis 2007 professeur de théologie pastorale,
pédagogie religieuse et homilétique
Fribourg. Il est détenteur de deux doctorats,
l’un en philosophie et l’autre en théologie
biblique, ainsi que d’une habilitation
en théologie pastorale.
civitas 1-2012 13