Ecclesia semper reformanda - Schw. StV

Le rapprochement œcuménique a
pris un superbe essor dans les années 1970.
Il s’est malheureusement un peu essoufflé
ces dernières années.
Tout à fait d’accord, s’il est assez bien
atteint dans les textes, il reste beaucoup de
chemin à parcourir dans la réalité.
Les divergences doctrinales jointes
au nationalisme de quelques Églises orthodoxes
nationales, l’émiettement de certaines
autres – notamment les dissensions
au sein de l’anglicanisme – et la difficulté
pour l’Église catholique de dialoguer avec
une multitude d’Églises sœurs – plus de 200
au Conseil œcuménique des Églises – ne facilitent
pas le dialogue œcuménique. Toutefois,
il convient de ne pas noircir le tableau,
de belles avancées sont ainsi à signaler. En
1999, un accord sur «la justification par la
foi » entre luthériens et catholiques a permis
de surmonter ce qui avait causé la Réforme
de Luther et une division de 450 ans! Les
accords doctrinaux avec les orthodoxes sont
à bout touchant: ces derniers étant prêts à
reconnaître une primauté d’honneur au
Pape. Et Jean-Paul II a demandé dans son
Encyclique Ut unim sint (Pour que tous
soient un) à l’ensemble des communautés
chrétiennes de l’aider à exercer son ministère
de successeur de Pierre.
Actuellement, on peut avoir l’impression
que l’œcuménisme piétine, mais l’unité
totale reste un objectif et le désir de beaucoup.
M. S.: Le dialogue interreligieux est d’une
autre nature, il ne vise évidemment pas
l’unité, mais le respect mutuel, la paix religieuse
et une certaine collaboration dans la
promotion de la justice et de la paix. Avec les
Juifs, il vise une totale réconciliation, après
la Shoa, et aussi une meilleure articulation
des deux traditions, dont la chrétienne est
issue de la juive, pour la renouveler et non
pour la supprimer.
Le dialogue interreligieux était fondamental
pour Jean-Paul II. En témoignent
ses rencontres avec des musulmans, des hindouistes,
des bouddhistes et d’autres ainsi
que sa demande de pardon aux Juifs déposée
sur le Mur des lamentations à Jérusalem.
Ce dialogue constitue également l’une des
priorités de Benoît XVI. Ce dernier est, par
exemple, à l’origine de la seconde rencontre
de tous les dignitaires religieux, qui s’est tenue
à Assise en octobre dernier, 25 ans après
sa première édition!
Je pense que ce concile restera celui
de l’ouverture au monde. Durant des siècles,
l’Église catholique s’est tenue sur la défensive.
Elle condamnait les évolutions modernes
du monde et se voyait comme une
forteresse assiégée de toutes parts. L’Église
catholique a aussi donné l’exemple, à travers
le concile, d’une organisation mondiale qui
ose se mettre en question, débattre librement,
tout en visant l’unité de pensée et
d’action. Tous les parlements du monde,
ainsi que les Nations unies feraient bien de
s’inspirer de ce modèle! L’exceptionnelle
couverture médiatique du concile, durant
trois ans, prouve à quel point cette assemblée
a suscité l’intérêt universel.
D’un point de vue historique, le
concile a fait beaucoup pour susciter le dialogue
entre les deux blocs Occident-Orient.
La personnalité du Pape polonais Karol
Wojtyla, la diplomatie vaticane et les Encycliques,
invitant les idéologues marxistes et
capitalistes à respecter la dignité de tout être
humain, ont indéniablement contribué à la
chute du Mur de Berlin, du système communiste
et du bloc de l’Europe de l’Est.
Le visage de l’Église s’est profondément
modifié depuis 1965. L’Église a, tout
d’abord, développé une multitude d’instances
de coresponsabilité et de coopération
Foto: zVg
12 civitas 1-2012