PSC 4-11 - FSP

Autre exemple: en supervision (surtout de groupe), il
peut arriver que le supervisé omette ou falsifie (plus
ou moins consciemment) des erreurs dont il fait l’expérience
dans le traitement présenté, car il a honte d’être
mal jugé par ses collègues.
Présence et absence de honte
Je renonce ici à m’occuper de l’aspect psychopathologique
de l’excès chronique de honte qui génère en nous
des pensées dévalorisantes, qui nous empêche de vivre,
qui nous inhibe, qui nous donne envie de fuir, de disparaître,
etc.
En guise de brève conclusion, je dirais qu’il ne faut ni
oublier ni bannir la honte étant donné qu’elle est souvent
liée à la culpabilité, sentiment qui accompagne
la vie humaine depuis son début et qui véhicule un
sens et une valeur civilisatrice. L’absence de capacité
d’éprouver de la honte est un facteur suspect et destructif.
Saint Augustin affirme dans ses Confessions:
«Il est honteux d’être sans honte !», et raconte comment
dans sa jeunesse il avait eu honte de pas toujours avoir
été capable de suivre ses amis «libertins» dans leurs
transgressions. Dans mon rôle de juge du tribunal des
mineurs, je suis préoccupé quand je ne remarque aucune
expression de honte ou de culpabilité, pas même
de la part de certains parents. Cela n’est pas favorable
à un bon pronostic. Les personnes qui ne ressentent
pas de honte ne se remettent pas en question et elles
peuvent mettre les autres en difficulté sans s’en rendre
compte. Il faut donc valoriser la valence éthique de la
honte: savoir éprouver de la honte et des sentiments de
culpabilité favorise la récupération de l’éthique, permet
de réparer, de se corriger, de reconstruire, de s’améliorer,
de savoir s’excuser. Cela permet enfin de nous
rendre compte qu’il y a quelque chose à modifier dans
notre comportement ou dans nos relations.
Gian Giacomo Carbonetti
Bibliographie
(1) «Sigmund Freud présenté par lui-même», 1924,
Gallimard, 1984 (pag. 15). («Autobiografia», 1924, OPERE,
Vol. 10, p.76, Boringhieri, Torino).
(2) Freud, S. (1971): «Malaise dans la civilisation»,
Presses Universitaires de France. («Il disagio della civiltà»,
1929, OPERE, Vol 10, Boringhieri, Torino).
(3) «La Bible TOB », Traduction œcuménique de la
Bible, Éditions du Cerf. («Bibbia TOB», Testo CEI, note
tradotte dalla TOB francese, ELLE DI CI LEUMANN, Torino.)
Plusieurs éditions intégrales de la Bible sont disponibles
«en ligne» sur Internet, aussi bien en français qu’en italien.
(4) Freud, S. (1967): «L’interprétation des rêves», 1900.
Paris: P.U.F, p. 213. («L’interpretazione dei sogni», 1900,
OPERE, Vol. 3, pag. 228, Boringhieri, Torino.)
(5) Freud, S. (1993). «L’homme Moïse et la religion
monothéiste», Gallimard. («L’uomo Mosè e la religione
monoteistica » 1934-38, OPERE, Vol. 11, Boringhieri, Torino.)
(6) Tisseron, S. (1992). «La honte – psychanalyse d’un
lien social», Dunod.
L’auteur
Le Dr Gian Giacomo Carbonetti est psychologue
psychothérapeute FSP de formation psychanalytique.
Il exerce comme indépendant dans les domaines de
la consultation, de la psychothérapie psychanalytique,
de la supervision, de l’expertise, aussi bien en situation
institutionnelle que dans le domaine de la formation.
Il est aussi membre fondateur et ancien président de
l’ATPP et de l’Accademia di psycoterapia psicoanalitica
(EFPP). Il approfondit depuis sa jeunesse la culture
biblique et chrétienne, surtout celle des origines. Père
de deux fils adultes, dont un atteint du syndrome de
Down (cf. «Trois questions à …», PSC 1-2/2011, page 35).
Adresse
Dr G. Giacomo Carbonetti, Via Lepori 31, 6900 Massagno.
Tél.: +41 (0)91 966 81 19.
Email: g.carbonetti@bluewin.ch.
Zusammenfassung
Der Tessiner Gian Giacomo Carbonetti, Fachpsychologe
für Psychotherapie FSP, präsentiert in dieser
Psychoscope-Ausgabe explizit keinen wissenschaftlichen
oder technischen Beitrag über Scham. Sein eigenwilliger
Ansatz bewegt sich vielmehr zwischen
Bibelexegese, Psychoanalyse und seiner eigenen Erfahrung.
Als Erstes geht der Autor den Ursprüngen der
Scham als dem ersten Gefühl überhaupt nach, mit dem
der Mensch in der Bibel in Verbindung gebracht wurde:
zuerst im Sinne von etwas nicht Vorhandenem, anschliessend
als etwas Schuldbehaftetes. In der Folge
vergleicht er individuelle mit kollektiver Scham und erörtert
die Beziehung zwischen Scham und Psychoanalyse.
Zum Schluss weist Gian Giacomo Carbonetti darauf
hin, dass man Schamgefühle weder missachten noch
verteufeln darf, da sie seit jeher zur menschlichen Existenz
gehören und auch heilsame und zivilisierende Werte
verkörpern.
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