PSC 12-10 - FSP

Droit de tutelle et qualité
Ancien président de l’ASPEA, Martin Inversini décrit pour
les psychologues les possibilités et les critères de qualité
de la protection des mineurs et des adultes révisée.
Martin Inversini, vous avez longtemps dirigé
un office cantonal de conseil en éducation
ainsi que des formations postgrades
en la matière ou en psychologie scolaire.
Comment jugez-vous les changements
dans la protection des mineurs et des adultes
que prévoit dès 2013 le droit de tutelle
révisé ?
La révision du Code civillie désormais
lesdécisionsenmatière de protection
desmineurs et desadultes
àl’existenced’une autorité interdisciplinaire.
La Conférenceintercantonale
de protection desmineurs et
desadultes (COPMA)recommande
doncaux cantonsdeconstituerdes
régionsdemanière àceque lesmembres
permanents desorganes compétentspuissentytravailler
àplein
temps. En outreles troisdomaines
de base –droit,travail social et pédagogie/psychologie
–devront yêtre
représentés en permanence. On se
dirige donc clairementversune professionnalisation.
Qu’apporte la révision aux personnes
concernées ?
Il estici question de situationsdedétresse
humaine. Le contexte,ilne
faut passeleurrer,est caractérisépar
la contrainte.Aussi parlerais-je,pour
lespersonnes touchées,dediminuer
leur inconfortplutôtque de rétablir
leurbien-être. Professionnalisation
et interdisciplinarité devraientdonnerdemeilleurs
résultats,plus«justes»
et mieux«ciblés», et,enl’espèce,
plus «supportables» pour lespersonnesconcernées.
La recherche en psychologie s’est penchée
sur les distorsions de la perception, sur les
effets de position et de retombée chez les
personnes assumant des responsabilités. La
psychologie doit-elle être dans ce domaine
la gardienne de la morale ?
Pour nous-mêmes, il estd’abord une
exigenceimpérieuse:une attitude
scientifiqueetcritique, quisache distinguerentre
hypothèseetfait, vraisemblance
et loi,démonstration et
vérité; un questionnementidéologiqueetcritiquesur
lesvaleurs personnelles:
l’imagequ’on se fait de
l’homme, d’unevie équilibrée,dela
conformité auxnormes, etc.;une attitude
de sensibilité critique,qui fasse
apparaîtreses propres besoins et motivations,
conscients et inconscients,
dans nombrededémarches d’exploration
ou de jugement. Qued’autres
spécialistes se préoccupentaussi de
la question esttrès souhaitable,mais
sans lever un indexsententieux.
Lors d’une séance automnale*, vous avez
plaidé pour que seuls les psychologues détenant
un master en psychologie et un titre
de spécialisation FSP puissent intervenir
dans ce domaine professionnel. Pourquoi ?
On demandeauspécialiste bien des
décisionsqui ontsouvent un impact
déterminant, et àlongterme,sur la
viedes gens. Ceci exigebien davantage
qu’unbonne dose de sens communouune
psychologie de salon
bien appriseetappliquée:ils’agitde
mettre en œuvredes critères de qualité
tels quevalidité, objectivitéetfiabilité.S’y
rattachentlathéorie des
tests et sesimplicationsstatistiques,
lesthéoriessur la personnalité et
sestroubles, le développementetses
troubles, lesthéoriesdel’apprentissage
et la psychologie du changement,
enfinles théories surl’intelligence et
lescomportements relationnels. Tout
ceci demandeuntrès haut niveau de
spécialisation.
Or ce quejedécrisici n’estpas protégé.Onvoitpapillonner
dans ce domainedes
personnespeu ou non
qualifiées voireétrangères àlaspécialité,
souventirresponsables. Un
master en psychologie et l’appartenanceàlaFSP
avec l’obligation de se
perfectionnersontdoncàconsidérer
commeunpassage obligé,synonyme
de qualité. Avec le titredespécialisation
on aenoutre l’intervision et la
supervision «danslesang»,etlacompétenceintellectuelle
de se perfectionnerdemanière
indépendante et
de porter un regard critique surles
méthodes en lisant la littératurespécialisée.
Quels sont les objectifs de politique professionnelle
qui vous semblent les plus importants
pour l’avenir de ce domaine ?
Interdisciplinarité et professionnalisation
sont pour moitrès importantes
et méritent notresoutien. Même si
touteprofessionnalisation peut être
aliénante si elle prendune formequi
n’estpas la bonne, la révision de la
protection desmineurs et desadultes
nous ouvreunnouveau et vaste
champd’activité. Nousdevrionstous,
associationsaffiliées àlaFSP et associationscantonalescomprises,en
observer attentivement le développement,
nous immiscerpartout où on
mettra surpieddes instancesspécialisées
et offrirnos services quandil
s’agiradechoisir desspécialistes.
Interview: Susanne Birrer
*Informationsettéléchargements sur
la séance et la révision de la loi:
www.skjp.ch>Aktuell; www.kokes.ch
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ACTU FSP
PSYCHOSCOPE 12/2010