PSC 5-12 - FSP
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DOSSIER: Prématurité<br />
PSYCHOSCOPE 5/20<strong>12</strong><br />
subjectiver progressivement en intériorisant au fur et à<br />
mesure de son expérience quelque chose de la qualité<br />
des soins qui lui sont prodigués et tout particulièrement<br />
de l’apaisement qui en découle.<br />
Lors d’une grande prématurité, le parent fragilisé, surimpliqué<br />
ou sous-impliqué, ne peut investir ce rôle régulateur<br />
aussi bien qu’il serait nécessaire. Préoccupé<br />
par lui-même, le parent fragilisé doit d’abord faire face<br />
à ses propres difficultés à se réguler face aux émotions<br />
intenses traversées lors de cette période douloureuse.<br />
Ainsi, l’enfant prématuré, déjà fragilisé dans son développement<br />
et dans ses capacités à mobiliser ses propres<br />
ressources d’autorégulation, peine à trouver dans son<br />
entourage un parent susceptible de l’accompagner dans<br />
ces efforts.<br />
La prise en compte de ces conséquences de la prématurité<br />
sur la parentalité a donné lieu à la mise au point de<br />
nombreux programmes d’intervention lors du séjour<br />
en néonatologie et au cours des mois qui suivent la<br />
naissance. Ces programmes se sont notamment basés<br />
sur des réflexions à propos des conditions d’hospitalisation<br />
et d’accueil des familles. Ils ont permis d’encourager<br />
la participation active des parents aux soins de<br />
leur enfant, favorisant ainsi l’instauration de la relation<br />
parents-bébé. L’objectif de ces différents programmes<br />
est en général d’aboutir à une forme de partage de la<br />
parentalité, c’est-à-dire une parentalité soutenue par<br />
l’équipe médicale consciente des compétences et des<br />
faiblesses des parents soumis au stress d’une naissance<br />
prématurée, plutôt qu’à l’usurpation du rôle parental,<br />
qui peut aboutir à un désinvestissement de l’enfant par<br />
les parents. Il s’agit aussi de reconnaître le parent dans<br />
ses difficultés à s’offrir comme point d’appui subjectivant<br />
pour l’enfant et de soutenir ce parent dans sa capacité<br />
à se vivre comme un ancrage psychique pour l’enfant;<br />
ancrage qui permettra à l’enfant de s’appuyer sur<br />
une expérience apaisante et au parent de se construire<br />
comme parent au cœur même de cet apaisement offert<br />
à l’enfant.<br />
Développer le processus actif de découverte<br />
Dans un certain nombre de cas, la parentalité semble<br />
pouvoir trouver une voie d’épanouissement même après<br />
la naissance d’un enfant à très haut risque. La régulation<br />
est alors à l’œuvre, de part et d’autre. L’enfant,<br />
malgré ses difficultés, semble être porté dans le désir<br />
parental. Ce désir parental s’autorégule, faisant place<br />
alternativement à une forme d’ouverture véritable au<br />
bébé tel qu’il est, avec ses ressources à potentialiser, ses<br />
difficultés à reconnaître et à accompagner dans le souci<br />
toujours constant d’imaginer leur dépassement. Réalistes<br />
mais confiants, disponibles tout en se protégeant,<br />
capables d’évoquer leurs doutes et leurs inquiétudes<br />
mais ouverts à découvrir leur bébé dans toutes ses possibilités<br />
de changement – ceux accessibles comme ceux<br />
affrontables –, ces parents semblent ouverts aux événements,<br />
capables de s’y adapter et ne cherchent pas<br />
à fuir ni à se rassurer aveuglément. Face à l’enfant, ils<br />
semblent développer un véritable goût de la surprise et<br />
de l’envie de découvrir ce qui vient de leur bébé, quelles<br />
que soient ses difficultés. Ces parents donnent l’impression<br />
d’être portés par l’espoir lorsque les difficultés<br />
sont grandes et ils se dévoilent – ou se découvrent – inventifs<br />
de solutions ingénieuses pour amener l’enfant à<br />
se dépasser et à découvrir le monde autrement que limité<br />
par un bagage périnatal trop lourd.<br />
L’histoire périnatale peut prendre la tournure d’une<br />
histoire de vie enrichie même si elle est douloureuse.<br />
Le traumatisme laisse la place alors à un tricotage historicisé<br />
dans lequel l’enfant peut grandir et se développer<br />
au mieux de son potentiel.<br />
L’accompagnement des familles lors de cet événement<br />
doit avoir pour but cette historicisation libératrice. Il<br />
s’agit de reconnaître la vulnérabilité parentale, les projections<br />
persistantes sur l’enfant, les angoisses persécutrices<br />
et les évitements relationnels, tout en donnant ou<br />
recréant une place, dans les représentations parentales,<br />
aux besoins développementaux tout à fait spécifiques<br />
de ces enfants qui restent fragiles.<br />
Le devenir de l’enfant prématuré<br />
La majorité des travaux concernant le devenir de l’enfant<br />
prématuré mettent en évidence que les risques<br />
développementaux sont exacerbés lorsque le contexte<br />
environnemental n’est pas favorable. Le déficit d’attention,<br />
très documenté chez l’ancien prématuré, est,<br />
par exemple, expliqué à la fois par des facteurs liés aux<br />
caractéristiques de l’enfant et par des facteurs environnementaux.<br />
On peut souligner aussi que, tandis<br />
que les désordres moteurs apparaissent plutôt liés aux<br />
risques organiques, le développement cognitif et socio-émotionnel<br />
semble principalement influencé par<br />
les facteurs de risque psychosociaux. Comme on peut<br />
s’y attendre, le cumul de risques organiques et psychosociaux<br />
favorise une évolution développementale plus<br />
compliquée. Certaines études ont également montré<br />
que les anciens prématurés profitent plus que les enfants<br />
nés à terme d’un environnement optimal caractérisé<br />
par une sensibilité parentale chaleureuse et une<br />
sécurité émotionnelle (Landry et al., 2003) et que les<br />
enfants à haut risque biologique peuvent dépasser leur<br />
retard cognitif dans un environnement familial et social<br />
suffisamment stimulant, tandis que les enfants à<br />
haut risque recevant peu de stimulations environne-