PSC 5-12 - FSP
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DOSSIER: Prématurité<br />
PSYCHOSCOPE 5/20<strong>12</strong><br />
pementale des enfants prématurés. La littérature relate<br />
de nombreux types d’inhibition, mais un accord semble<br />
émerger pour distinguer l’inhibition de distracteurs de<br />
l’inhibition d’une réponse automatique ou dominante<br />
chez l’enfant. Des déficits de l’inhibition de distracteurs<br />
(exemple: tâche ANT; Rueda et al., 2004) semblent persister<br />
à l’âge de 6 ans (Pizzo et al., 2010), mais aussi<br />
entre 9 et 11 ans (Leclercq, Jambaqué, Picard, Bricout<br />
& Siéroff, 2006). Quant au déficit spécifique d’inhibition<br />
d’une réponse automatique ou dominante (répondre<br />
à un stimulus «go»: exécution; ne pas répondre à<br />
un autre «nogo»: inhibition), les enfants prématurés âgés<br />
de 3-4 ans ont plus de difficultés à inhiber leur réponse,<br />
mais ces difficultés semblent disparaître avec l’âge. Cependant,<br />
les études en IRMf indiquent que les adolescents<br />
prématurés ont des performances équivalentes<br />
aux adolescents nés à terme tout en activant un réseau<br />
neuronal différent (Nosarti et al., 2006). Ceci peut être<br />
attribué aux mécanismes de la plasticité cérébrale: pour<br />
un même résultat, les adolescents prématurés développeraient<br />
des stratégies «alternatives». L’inhibition fait<br />
partie des fonctions exécutives (FE) qui sont impliquées<br />
dans la réalisation de tâches complexes nouvelles et non<br />
routinières. Les processus d’inhibition se développent<br />
tôt et sont impliqués dans le développement des autres<br />
FE, notamment la flexibilité mentale, la planification et<br />
la mémoire à court terme. Ces compétences semblent<br />
particulièrement touchées chez les enfants prématurés<br />
(pour une revue, Mulder, Pitchford, Hagger & Marlow,<br />
2009). Par ailleurs, les études développementales indiquent<br />
que les compétences d’inhibition sont influencées<br />
par les émotions. En effet, des déficits d’inhibition sont<br />
fortement associés à des déficits au niveau des compétences<br />
socio-émotionnelles et d’ajustement social (Rhoades,<br />
Greenberg & Domitrovich, 2009).<br />
Régulation émotionnelle<br />
Les contenus émotionnels semblent moduler les compétences<br />
d’inhibition en mettant à l’épreuve les capacités<br />
d’autorégulation qui jouent un rôle très important<br />
pour la mise en place de comportements adaptés (Rueda,<br />
Posner & Rothbath, 2005). Une bonne régulation<br />
des émotions permet l’émergence de stratégies de régulation<br />
planifiées et organisées. Les études récentes rapportent<br />
des difficultés des jeunes enfants nés prématurés<br />
à réguler leurs réponses émotionnelles (excitation) et<br />
comportementales (irritation). Certaines études utilisent<br />
des situations induisant des émotions fortes et révèlent<br />
que les très jeunes enfants prématurés se montrent déjà<br />
hautement réactifs dans des situations négatives telles<br />
que la frustration. Par exemple, les enfants prématurés<br />
âgés de 6 à 8 mois manifestent des difficultés à réguler<br />
leurs émotions en se montrant moins sociables et moins<br />
approchants (Maclean, Erickson & Lowe, 2009) et ce<br />
d’autant plus que l’enfant est né tôt. Cette réactivité élevée<br />
a également été mise en relation avec les caractéristiques<br />
du tempérament (Clark et al., 2008). Ces difficultés<br />
de régulation émotionnelle sont prédictives de<br />
problèmes d’interaction sociale et semblent persister à<br />
l’adolescence (Gardner et al., 2004).<br />
Influence de l’environnement<br />
De quelle manière une naissance prématurée peut-elle<br />
engendrer de tels déficits ? L’immaturité cérébrale,<br />
l’instabilité physiologique, la gravité de l’état de santé<br />
de l’enfant ainsi que la séparation maternelle et l’environnement<br />
dystimulant de néonatologie sont autant de<br />
facteurs prédictifs de troubles neurodéveloppementaux<br />
(Bhutta, Cleves, Casey, Cradock & Anand, 2002). Des<br />
études en neuro-imagerie ont révélé des diminutions du<br />
volume cérébral chez les enfants prématurés, notamment<br />
au niveau de la substance blanche, qui expliqueraient<br />
au moins en partie cette prévalence de déficits<br />
neurodéveloppementaux qui perdure au-delà de l’enfance<br />
(Northam, Liégeois, Chong, Wyatt & Baldeweg,<br />
2011). Les nombreux facteurs stressants et inhérents à<br />
une naissance prématurée accélèreraient la mort cellulaire<br />
programmée (apoptose) induisant une diminution<br />
du volume cérébral dans certaines régions spécifiques.<br />
Par ailleurs, d’autres facteurs environnementaux tels<br />
que le niveau socioéconomique, l’environnement familial,<br />
l’impulsivité ou l’anxiété parentale vont aussi influer<br />
sur le développement ultérieur des enfants prématurés.<br />
Prévention précoce<br />
La protection des fonctions cérébrales est désormais un<br />
des thèmes d’intérêt en néonatologie. Des programmes<br />
de soins de développement précoces ont ainsi émergé<br />
ces dernières décennies (thérapie par le massage, méthode<br />
kangourou, NIDCAP, etc.) et s’appuient sur la<br />
plasticité cérébrale et la meilleure gestion des stimulations<br />
sensorielles. Prenons l’exemple du NIDCAP (Neonatal<br />
Individualized Developmental Care and Assessment<br />
Program) qui reprend et intègre un grand nombre<br />
de considérations sur l’enfant, son niveau de développement<br />
et son environnement (Als et al., 1986). Ce programme<br />
repose sur l’observation du comportement de<br />
l’enfant, avant, pendant et après les soins, et intègre les<br />
parents comme acteurs essentiels de la relation avec<br />
l’enfant. En tenant compte du fait qu’il n’y a pas de réponse<br />
type car chaque enfant est différent, des recommandations<br />
sont formulées afin d’aider les soignants à<br />
soutenir de manière précoce, globale et individualisée<br />
le développement de chaque enfant: gestion de l’environnement<br />
sonore et lumineux, respect du rythme<br />
veille-sommeil, succion non nutritive, agrippement, interaction<br />
parents-enfant favorisée, soins différés ou regroupés,<br />
etc. Les enfants ayant bénéficié du NIDCAP