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18 novembre 1845<br />

Votre bonne dernière lettre était on ne peut plus charmante excellent Dav. Le sincère<br />

intérêt que vous me témoignez me touche jusqu’au fond de l’âme, ce qui me<br />

prouve à ma grande joie que l’ingratitude n’est pas mon défaut. Merci, Merci donc<br />

et pour vos paroles et pour vos parfaites intentions. Il est bien généreux à vous<br />

d’être si d[évou]é à ma triste personne qui ne pourra jamais vous récompenser de<br />

vos bons sentiments, et cela pas que cela soit ma faute mais celui qui n’éprouve<br />

plus de bonheur peut il jamais en donner. Je sens bien qu’une violente secousse est<br />

[…on] ne peut plus nécessaire à mon moral si abattu si découragé et que les occupations<br />

forcées de la vie artistique m’empêcheraient de vivre avec moi-même.<br />

Mais mon Dieu! Ne vaudrait il pas mieux me laisser mourir à petit feu et dans un<br />

petit coin au lieu de déranger mes amis, de leur donner beaucoup de peine pour me<br />

préparer des triomphes presque toujours payés par des larmes. Voyez vous mon bon<br />

Dav. depuis longtemps je suis morte et n’existe plus qu’artificiellement, comme un<br />

cadavre que l’on habillerait et ferait mouvoir par des ressorts. - Pardonnez moi le<br />

lugubre de cette lettre, il y a de quoi vous donner trois fois le spleen. Je vous prie<br />

d’assurer de ma reconnaissance les braves et dignes cœurs vos amis, qui d’après<br />

votre exemple veulent bien éprouver quelque sympathie pour moi. C’est les larmes<br />

aux yeux que je remercie ces représentants hospitaliers de la Grande Bretagne.<br />

C’est à vous que je dois mon généreux ami. Si vous revenez me voir, je ne doute<br />

pas que vous me ferez le plus grand bien à mon cœur malade vous […] mes low<br />

spirits et […] de moi les affreux blue devils qui [me] tourmentent. - Le jeune […]<br />

est à Leipsick et me donne souvent de ses nouvelles, je n’entends pas parler de Van.<br />

je crois qu’il est à Gand le vaillant vient de temps en temps ; quand à M r . D. il est<br />

toujours le même, de toute cette nomenclature je crois le Docteur L. le meilleur de<br />

mes amis. Peut-être suis je dans l’erreur ? En fait de déceptions, on apprend tous les<br />

joies et rien en ce genre ne saurait m’étonner. Adieu Dav je vous envoie un monstrueux<br />

shuffle-hand capable de vous briser les poignets d’un [ ?] enfant et moi vous<br />

[…] et parlant bien souvent de vous.<br />

(mardi 18 novembre) Manon<br />

Briefe von Marie Pleyel an J. W. Davison<br />

Brüssel, 19. Januar [1846], 26. März [1846], Montag, 3. August [1846]<br />

Cote: NLA- 278 (24 A 26)<br />

Bruxelles, Lundi 19 janvier. [1846]<br />

Je suis charmée mon cher M r . Davison d’apprendre que vous ne m’avez pas encore<br />

mise aux oubliettes, et que vous me conservez un amical souvenir. M r . De Glimes<br />

que j’avais rencontré il y a quelques semaines m’avait dit qu’il viendrait me voir<br />

avant son départ pour l’Angleterre, et il était convenu que je lui donnerais une petite<br />

lettre pour vous. Mais il est parti sans venir, ni me le faire savoir, et c’est à la poste<br />

que je suis obligée de confier prosaïquement ces quelques lignes. Vous ne doutez<br />

pas que je ne sois reconnaissante de vos bonnes intentions à mon égard; Je viendrais<br />

avec plaisir à Londres ; mais je vous avoue franchement qu’il faudrait que mon<br />

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