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Liszt: The Complete Songs, Vol. 2 - Angelika ... - Abeille Musique

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inspirées par la mort atroce de Jeanne d’Arc, à l’âge de dixneuf<br />

ans. La jeune paysanne de l’Est, dont les victoires<br />

militaires permirent le couronnement de Charles VII, ne<br />

devint officiellement une sainte catholique qu’en 1920<br />

mais fut, bien avant, une figure marquante de la culture<br />

européenne (en atteste la Pucelle d’Orléans, pièce de<br />

théâtre de Friedrich Schiller). <strong>Liszt</strong> avait espéré convaincre<br />

Dumas, puis Gérard de Nerval, de lui concocter un livret<br />

sur Faust, mais il dut se rabattre sur cette petite pépite de<br />

poésie dramatique, et donc changer de sujet. Sa musique<br />

existe en plusieurs versions différentes dont trois pour voix<br />

et piano, courant sur trois décennies à partir de 1846.<br />

Dans cette dernière révision, la mélodie part dans une<br />

lente incertitude angoissée avant d’atteindre à une prière<br />

merveilleusement transparente, dont l’invo cation de<br />

l’esprit de Dieu (« Votre Esprit ») suscite l’une des plus<br />

saisissantes transitions harmoniques lisztiennes. On<br />

entend les flammes vaciller au piano et des passages<br />

ascendants au moment où Jeanne d’Arc monte au bûcher<br />

funéraire ; s’ensuit une nouvelle prière tendre dont<br />

les intermittentes figures en triolets, à la main gauche,<br />

annoncent les appels de clairon-trompette qui exhortent<br />

Jeanne d’aller à la mort en tenant la bannière de la<br />

France—une scène dramatique que <strong>Liszt</strong> termine non<br />

dans la boursouflure mais par une musique qui dit la<br />

montée de la sainte au ciel.<br />

« L’heure est venue pour moi (Nel mezzo del cammin<br />

di nostra vita [au milieu du chemin de notre vie]—à<br />

trente-cinq ans !) de déchirer ma chrysalide de virtuose<br />

pour laisser mes pensées s’envoler librement », écrivit<br />

<strong>Liszt</strong> en paraphrasant le Virgile de Dante en 1848, alors<br />

qu’il s’apprêtait à délaisser l’une des plus étincelantes<br />

carrières de concertiste de toute l’histoire de la musique et<br />

à emménager à Weimar—la ville de Goethe. Pour un<br />

compositeur de lieder aimant Goethe, Faust était une<br />

source d’inspiration incontournable, surtout lorsque les<br />

23<br />

personnages chantent. Dans la huitième scène (intitulée<br />

« Le soir ») de la Partie I, la jeune villageoise Gretchen<br />

entame Es war ein König in Thule, juste avant de<br />

découvrir le coffret de bijoux que Faust et le diabolique<br />

Méphistophélès lui avaient laissé. « Ultima Thule » était le<br />

nom légendaire des bouts du monde et cette minuscule<br />

ballade parle d’un roi fidèle, par-delà la mort, à sa défunte<br />

bien-aimée, une histoire déjà relatée par Schubert dans<br />

un lied pseudo-antique, au décharnement cru (D367). Par<br />

contraste, <strong>Liszt</strong> suit les moindres tournants de l’histoire<br />

dans une manière de ballade épisodique, avec de<br />

mélancoliques réminiscences de mélodies façon <strong>Vol</strong>kslied<br />

pour la chanteuse (accompagnée, toutefois, d’harmonies<br />

progressives), sans oublier le grand apparat du dernier<br />

banquet du roi avec ses chevaliers, et une théâtrale<br />

descente dans un tombeau aquatique.<br />

<strong>Liszt</strong> fuyait les cycles de mélodies, mais il lui arriva de<br />

réunir deux ou trois pièces utilisant les textes d’un même<br />

poète. Ainsi en alla-t-il du Muttergottes-Sträusslein<br />

zum Mai-Monate du poète d’Aix-la-Chapelle Joseph<br />

Müller, fondé sur la tradition médiévale du « jardin de<br />

Marie », planté de fleurs symbolisant les vertus de la<br />

Vierge. Dans une lettre à Carolyne datée du 22 mai 1857,<br />

<strong>Liszt</strong> évoque le cadeau que lui fit Müller d’une « petite<br />

anthologie de poésie catholique»; le 2 août, il annonça<br />

son intention de mettre en musique deux poèmes « qui<br />

auront la simplicité du rosaire»: « Das Veilchen » (« La<br />

violette ») et « Die Schlüsselblumen » (« Les primevères »,<br />

symboles de « grâce charmante »). Dans « Das Veilchen »,<br />

<strong>Liszt</strong> enjoint à l’interprète de chanter à mi-voix et précise<br />

qu’un harmonium peut remplacer le piano. La<br />

progression ultraromantique des harmonies s’élevant via<br />

l’intervalle d’une tierce est commune à toutes les strophes.<br />

La « grâce charmante » est flagrante dans l’introduction<br />

pianistique de « Die Schlüsselblumen », que divers<br />

moyens harmoniques rattachent au lied de la violette.

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