Liszt: The Complete Songs, Vol. 2 - Angelika ... - Abeille Musique
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LISZT L’intégrale des mélodies VOLUME 2<br />
L ES<br />
PIÈCES DU VOLUME 2 de l’intégrale des mélodies<br />
lisztiennes proposée par Hyperion couvrent plus de<br />
trente ans de la vie de <strong>Liszt</strong>, des années 1845, quand<br />
il était encore en sa « Glanzzeit » (le « temps de l’éclat »,<br />
celui de ses jeunes années d’interprète virtuose), à sa<br />
vieillesse, assombrie par des chagrins et des difficultés.<br />
Mais, du début à la fin, ces mélodies présentent certaines<br />
constantes, notamment une expérimentation harmonicotonale<br />
des plus caractéristiques—toujours soucieux<br />
d’imaginer le futur de la musique, <strong>Liszt</strong> semble n’avoir<br />
jamais considéré aucune mise en musique de poème<br />
comme définitive et, Schubert excepté, aucun autre<br />
compositeur du XIXe siècle ne fut plus enclin que lui à<br />
réviser et à recomposer ses mélodies. Cet enregistrement<br />
s’ouvre et se ferme sur deux versions remarquablement<br />
différentes d’un lied de Goethe-<strong>Liszt</strong>, qui laissent voir un<br />
cheminement à la Pilgrim’s Progress allant des tendances<br />
musicales extraverties, étirées et riches des premières<br />
années à une plus grande économie, austérité et intimité<br />
des dernières années. Né en 1811 dans une région<br />
germano phone de Hongrie, <strong>Liszt</strong> s’installa avec sa famille<br />
à Paris en 1823 et, à différents moments de sa vie—à<br />
divers degrés aussi—, il adopta des identités française<br />
allemande, hongroise et italienne. Cet extraordinaire<br />
cosmopolitisme se retrouve dans ses choix de textes, en six<br />
langues (dont trois sont représentées ici : le français, l’alle -<br />
mand et l’italien), de l’occasionnel poème amateur rédigé<br />
par les membres de ses fervents cercles aristocratiques<br />
aux écrits des « grands » de la poésie européenne. Ces<br />
mélodies, dans leur subtilité comme dans leur complexité,<br />
élargissent notre compréhension d’un compositeur qu’on<br />
ne peut plus ni étiqueter ni déconsidérer d’un « mitzigane,<br />
mi-prêtre ».<br />
* * *<br />
20<br />
Le manuscrit goethéen du « Wandrers Nachlied I », ou<br />
Der du von dem Himmel bist, indique que l’œuvre<br />
fut conçue « Sur le mont Ettersberg. 12 février 1776 ». Le<br />
poème s’ouvre sur une série de subordonnées, une accla -<br />
mation qui met du temps à arriver au cœur des choses : la<br />
supplique du héros pour en finir avec la lutte faustienne et<br />
trouver la paix. Dans le texte allemand, le solécisme liant<br />
« la douleur et la joie » par un article masculin, malgré le<br />
genre féminin du second nom, affirme que le plaisir et la<br />
douleur sont les pôles opposés d’une même chose—la<br />
condition humaine ? <strong>Liszt</strong>, qui s’y entendait en prière pour<br />
la paix de l’âme, mit quatre fois ce poème en musique,<br />
entre 1842 et 1870 (la dernière version est incomplète):<br />
la première version, qui est naturellement la plus<br />
longue (piste 1), démarre par une inquiétante intro -<br />
duction pianistique avant que la chanteuse ne fasse son<br />
entrée avec une paisible prière. S’ensuit une alternance<br />
d’invocations de la « douce paix » et de convulsions tonales<br />
de souffrance (« je suis las de la peine »), où le personnage<br />
ressasse tant et plus les paroles de ce court poème. Et<br />
l’insistance de cette supplique-là est irréfutable.<br />
Marling est un village du Tyrol méridional (la partie la<br />
plus septentrionale de l’Italie, bordée par l’Autriche à l’est<br />
et au nord) où le poète viennois Emil Kuh, ami et biographe<br />
du grand écrivain Friedriech Hebbel, passa les dernières<br />
années de sa vie. L’invocation, par le héros du poème, du<br />
« chant sacré » des cloches d’église inspira à <strong>Liszt</strong>, qui avait<br />
pris les ordres mineurs en 1865, l’un de ses plus beaux<br />
lieder tardifs, Ihr Glocken von Marling. La série d’har -<br />
moniques des cloches, leur manière d’emplir l’air de leurs<br />
sons battants deviennent ici des accords de septième et de<br />
neuvième non résolus, dans une manifes tation merveil -<br />
leuse ment lyrique de la sophistication tonale lisztienne.<br />
L’amitié entre <strong>Liszt</strong> et Heinrich Heine, génie<br />
ombrageux, s’était en grande partie évanouie quand la