Reihe III - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

N. 88 denis papin an leibniz, 26. Juni (6. Juli) 1692 331
25 un moment, cependant puisque nous sommes trop eloignez pour nous parler, J’espere,
Monsieur, que nous pourrons ˆy suppleer par l’attention à bien penetrer le sens et la force
de ce qu’on nous objecte: et en nous remettant dans l’esprit tout ce que nous avons
avancé l’un et l’autre depuis que nous ecrivons sur cette matiere: Je Vous puis asseurer
que Je ferai pour cela tout ce que Je serai capable. Je Vous dirai donc, Monsieur, que le
different reel qui est entre nous n’est pas celui que Vous dittes: car Je crois aussi bien 5
que Vous que si les deux corps apres le choc employoient leur force à monter, leur centre
de gravité commun ne doibt pouvoir monter ni plus ni moins haut qu’avant le choc et
Je crois que cela peut fort bien s’accorder avec la conservation de la mesme quantité de
mouvement dans le monde, quoyque dans les deux corps qui se chocquent il ˆy en ayt
quelques fois plus et quelques fois moins. Nostre different reel consiste donc en ce que 10
supposant A, 4, vitesse 1, transportant toute la force à B, 1, en repos: en sorte que apres
ce transport A demeure en repos à son tour; Vous dittes que B ne doibt recevoir que
vitesse 2 au lieu que Je crois qu’il doibt recevoir vitesse 4, mais en mesme temps aussi
Je crois qu’un tel transport est absolument impossible.
Je ne manquerai pas, Dieu aidant, de respondre à l’ecrit de Mons r Gulielmini avec la 15
civilité à quoy Je me sens obligé tant par son merite que par l’honnesteté de sa maniere
d’ecrire; mais Je ne sçais pas encor quand cela pourra estre: car pour satisfaire plus
pleinement les Lecteurs Je doibs faire quelques experiences sur la matiere en question: et
Je ne suis pas à present en estat de pouvoir travailler à ces sortes de choses: Monsieur de
Haes qui a daigné prendre cognoissance des principales affaires que J’ay eues et qui durent 20
encor, peut Vous rendre, s’il luy plaist, tesmoignage, que J’ay grande raison de tourner
tous mes soins ailleurs: en attendant que S. A. S. nostre Prince puisse avoir quelque loisir
pour cognoistre ce qui me regarde et ˆy donner les ordres qu’elle jugera equitables. Si
cependant Vous aviez à ecrire à Mons r Gulielmini, Je prends la liberté, Monsieur, de
Vous supplier treshumblement de luy dire un mot des sentiments où Je suis, et de me 25
permettre tousjours de me dire,
Monsieur, Vostre treshumble et tres obeissant serviteur D. Papin.
16 l’ecrit: vgl. N. 50; Leibniz hatte N. 75 ein Exemplar der Epistolae duae hydrostaticae beigefügt.
18 pourra estre: erfolgte erst 1695 im Rahmen (5. Stück) seines Recueil de diverses pièces touchant quelques
nouvelles machines. 20 f. Monsieur de Haes: vgl. die Berichte über die Papinschen Aktivitäten
in N. 47 u. in N. 83. 26 dire un mot: war schon andeutungsweise geschehen; vgl. N. 77.